La classe inversée pour favoriser l’inclusion des EANA
La classe inversée est une approche pédagogique consistant à inverser et à adapter les activités d’apprentissage traditionnellement proposées aux élèves.
“La partie transmissive se fait « à distance » en préalable à une séance en présence à l’aide de vidéos, diaporamas…
La partie apprentissage en activités et interactions se fait « en présence » avec l’enseignant” (d’après Marcel Lebrun : in La classe inversée) cependant, il y a deux niveaux de classe inversée :
Le niveau 1 : simple “flipped classroom” ou les classes translatées dans lesquelles nous trouvons deux temps :
- temps 1 : texte à lire, vidéo à regarder, à distance
– temps 2 : explications, exercices, interactivités, situations-problèmes à résoudre en classe
– > L’objectif est donc dans notre cas d’accompagner l’élève nouvellement dans une partie de son apprentissage (mémorisation, compréhension) car la partie transmissive se déroule en dehors du cours et l’élève peut la répéter où il le souhaite, accompagner ou non et autant de fois que nécessaire ...
Le niveau 2 est plus complexe mais aussi plus intéressant pour les élèves allophones car il s’agit d’un cycle fait d’une spirale faisant alterner contextualisation, décontextualisation et recontextualisation mais aussi activités à distance et en présence.
On aurait alors par exemple :
– 1er temps : recherches d’informations autour d’une thématique (à distance) : contextualisation (permet de donner du sens à ce que l’on découvre)
– 2ème temps : classement, explicitation, hypothèses …(en classe) : décontextualisation : on modélise, on commence à théoriser …
– 3ème temps : prise de connaissance des théories…(à distance)
– 4ème temps : consolidation des acquis, interactivités, exercices : on recontextualise puis préparation vers le transfert des acquis dans d’autres contextes…
Dès lors, l’enseignant peut accompagner davantage ses élèves en différenciant les capsules ou les questionnaires selon les besoins des élèves qui peuvent à leur tour regarder autant de fois que souhaité, demander de l’aide pour la compréhension, utiliser des outils (dictionnaires, traducteurs …)
Quelle classe inversée pour les EANA ?
Quels objectifs ?
Comme pour tous les élèves il s’agit de les mettre en situation de réussite , de développer le feed-back élève mais aussi l’auto-évaluation quant aux compétences langagières et la posture de rétroaction quant à la progression de leur interlangue (dans notre cas : chemin entre la langue d’origine et la langue française).
Pourquoi le choix de la classe inversée ?
La classe inversée permet de :
– différencier tous les apprentissages en fonction des besoins : dans un dispositif UPE2A, certains ne savent pas lire et écrire sont francophones, d’autres parlent un peu le français mais ne l’écrivent pas, d’autres encore ont été bien scolarisés et ont déjà beaucoup d’acquis antérieur...
– proposer une autre façon de travailler à savoir essentiellement le travail en collaboration entre pairs : le professeur ne maîtrise pas toutes les langues ni tous les savoirs et savoir-faire des élèves. Les apprenants sont des experts dans leur(s) langue(s) et la médiation entre pair est de fait établie en classe. d’autre part les apprenants accueillent les EANA dans la classe ordinaire et un système de tutorat se met en place. Les apprenants, que ce soit en classe ordinaire ou en dispositif développent des compétences de médiation et de citoyenneté.
– rendre les élèves acteurs : l’apprentissage d’une langue s’opère grâce à une pédagogie active, ce d’autant plus qu’il s’agit dans les cas des EANA (élèves allophones nouvellement arrivés) d’apprendre une autre langue (langue cible) mais aussi d’apprendre par cette langue de nouveaux savoirs (langue véhiculaire) en immersion.
– motiver les élèves : la motivation est le facteur essentiel de la réussite des élèves et l’on sait que que les outils informatiques apportent beaucoup dans ce domaine.
Les difficultés
Elles peuvent être liées à la situation sociale des élèves mais aussi au contexte de l’établissement. en ce qui concerne la situation sociale des EANA, l’on sait que beaucoup d’entre eux n’ont pas accès aux ordinateurs, il faut donc prévoir des espaces et du temps pour qu’ils puissent regarder les capsules. Il faut donc mettre en place une politique d’établissement qui permette l’accès aux postes informatiques avec un accompagnement professionnel (professeur, assistant d’éducation…) ou un accompagnement élève tuteur.
A cela s’ajoute l’explicitation aux parents qui ne connaissant pas le système scolaire se retrouvent très étonnés face à cette pratique pédagogique. Il sera donc très important d’aborder ce sujet lors de réunion avec les adultes responsables des EANA, à la rentrée mais aussi à chaque arrivée différée au cours de l’année (prévoir une capsule).
– La politique d’établissement et d’équipe demande quelques réaménagements : il faut l’autorisation des BYOD « bring your own device » (pour « apportez votre équipement personnel de communication », qui est une pratique qui consiste à utiliser ses équipements personnels (smartphone, ordinateur portable, tablette électronique) dans un contexte professionnel), revoir le règlement intérieur sur les téléphones portable dans le cadre pédagogique, le matériel disponible surtout pour les langues, l’ouverture de salles de travail. Enfin, le projet doit être porté par plusieurs enseignants : Les enseignants qui accompagnent les EANA mais aussi le référent numérique.
– L’incompréhension des élèves :
Il faut prévoir un accompagnement individualisé (par un professeur ou un élève) ou encore des fiches lexicales permettant la compréhension (même globale) des capsules et le recours aux dictionnaires, traducteurs en ligne ...et former les élèves en amont à l’utilisation de ces outils.
La plus-value
– La pratique de classe inversée permet répondre à tous les besoins spécifique des EANA : on peut créer des capsules à des niveaux langagiers différents mais aussi des capsules explicitant un lexique, un habitus scolaire, une approche culturelle française.
– Elle permet de s’adapter aux élèves qui arrivent tout au long de l’année avec lesquels on ne peut pas tout recommencer. Ainsi avec une capsule qui présente, par exemple, le personnel, le fonctionnement des classes … il est plus facile d’accueillir l’élève sans pour autant faire attendre le groupe classe présent depuis le début de l’année scolaire.
– La classe inversée permet aussi à l’enseignant de renouveler sa pratique en laissant plus d’autonomie aux élèves qui prennent en charge leur apprentissage, en accompagnant l’élève allophone dans son interlangue.
– Enfin, elle correspond davantage à la société d’aujourd’hui qui utilise smartphone, tablettes et ordinateurs. Cela permet aux apprenants de gérer leur utilisation dans un objectif précis et de comprendre l’importance d’être un utilisateur réfléchi.
– On peut aussi impliquer les parents dans la démarche, par exemple en leur demandant des textes pour le sous-titrage des capsules, par exemple.
Comment ?
– La mise en place de cette pratique pédagogique doit se faire pour les EANA
– dans l’établissement : au CDI, dans des salles de travail avec postes informatiques et accès à l’ENT (ne pas oublier de donner un code d’accès aux EANA).
– dans la classe ; en début de cours, en groupe classe ou lors d’activités en petits groupes ou en différenciation, ou encore en totale autonomie à la fin d’un cours.
– Avec le matériel suivant : ordinateurs, tablettes, accès au réseau, outils, dictionnaires, fiches lexicales, cartes de lecture, affiches dans la salle ...
Voici un padlet pour trouver des capsules mais aussi des logiciels en ligne, des quizz, des pistes d’exploitation pédagogiques.